Throbbing Gristle

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Throbbing Gristle
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TG à New York en 2009 avec de gauche à droite : Cosey Fanni Tutti, Sleazy, Chris Carter et Genesis P-Orridge.
Informations générales
Pays d'origine Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Genre musical Musique expérimentale, musique bruitiste, musique industrielle, new wave, art performance
Années actives 1975-1981
2004-2010
Labels Industrial, Mute, Fetish
Site officiel www.throbbing-gristle.com
Composition du groupe
Membres Genesis P-Orridge
Peter Christopherson
Cosey Fanni Tutti
Chris Carter

Throbbing Gristle [ˈθɹɒbɪŋ ˈɡɹɪsəl][1] ou TG est un groupe de musique expérimentale et bruitiste né à Londres le au cours de la dernière prestation de la troupe d'art performance COUM Transmissions. Le groupe est reconnu pour être un pionnier de la musique industrielle et pour l'avoir conceptualisée comme genre hybride entre la musique électronique, l'avant-garde et le rock tourné vers l'expérimentation sonore, notamment par le biais de son label discographique Industrial Records.

Il se compose de Genesis P-Orridge (basse, violon, chant), Cosey Fanni Tutti (guitares, cornet à pistons), Chris Carter (synthétiseur) et Peter Christopherson (connu sous le surnom de « Sleazy », responsable des effets visuels et sonores, manipulation de bandes magnétiques etc.). Carter et Christopherson ont eu une grande importance sur l'élaboration du son distinctif de TG, par leur travail de recherche de nouvelles techniques sonores à une époque où les instruments de musique électronique (samplers, synthétiseurs etc.) étaient encore relativement rudimentaires et hors de prix.

La formation est née de la volonté de certains membres de COUM Transmissions d'élargir leur auditoire et leur champ d'influence en s'éloignant du terrain très pointu de l'art contemporain pour se consacrer à la musique, une activité qu'ils jugeaient mieux accessible au plus grand nombre[2],[3].

L'histoire du groupe se divise en deux grandes périodes, la formation ayant connu un long hiatus entre 1981 et 2004.

Étymologie[modifier | modifier le code]

Littéralement Throbbing Gristle, de throb : battre (cœur), pulser (sang), palpiter et gristle : cartilage voudrait dire « cartilage palpitant » ce qui n'a pas grand sens. C'est en fait un terme argotique de la région de Kingston-upon-Hull signifiant « pénis turgescent ».

Histoire[modifier | modifier le code]

Première période: 1975 - 1981[modifier | modifier le code]

En bonne continuation de COUM Transmissions, les prestations live de Throbbing Gristle utilisaient fréquemment une imagerie troublante, telles que des vidéos pornographiques mêlées à des clichés des camps de concentration nazis, ce qui contribua à lui conférer une réputation sordide. Le groupe justifiait l'emploi de cette iconographie non par une adhésion aux idéologies totalitaires, que ses membres rejetaient fermement, mais par la mission qu'il s'était donnée d'explorer les facettes les plus sombres et irraisonnées de l'âme humaine. Sur le plan sonore, il expliquait de la même manière sa volonté de produire une musique qui ne soit pas a priori particulièrement attractive. Ainsi le groupe n'hésitait pas à utiliser des sons dérangeants comme des infrasons dans le but de mettre le public mal à l'aise et de susciter des réactions, parfois violentes, de celui-ci.

TG a fait office de pionnier dans l'utilisation de certaines techniques sonores aujourd'hui courantes comme le sample, confectionné sur bande magnétique de façon artisanale ou à l'aide de samplers primitifs fabriqués par Chris Carter. Avec l'aide de ce dernier, le groupe avait à sa disposition toute une panoplie de machines électroniques et d'effets sonores qui lui conférèrent une sonorité distinctive. Le groupe faisait un usage récurrent de fonds sonores extrêmement distordus, en général accompagnés du chant, ou plus exactement du mélange de cris et de spoken word particulier à Genesis P-Orridge.

En 1977 le groupe sortit son premier album, intitulé The Second Annual Report. Le premier pressage, par Industrial Records, fut limitée à 786 exemplaires, mais en raison de la forte demande du public l'album fut réédité par Fetish Records en réutilisant les matrices d'origine, puis dans une seconde version rejouée a l'envers. La même année, le groupe récoltait un hit underground avec le single United qui se démarquait de ses autres productions par la présence d’un rythme plus classique.

En 1978 sortait le second album D.O.A. : The Third and Final Report. Il incluait le tube United, mais dans une version accélérée méconnaissable ne durant que 17 secondes, une manière pour le groupe d'affirmer sa posture anti-commerciale. Throbbing Gristle continua de choquer, notamment avec les chansons Hamburger Lady qui s’inspirait d’une grande brûlée et Death Threats qui compilait des menaces de mort laissées sur le répondeur téléphonique du groupe.

L’album 20 Jazz Funk Greats, sorti en 1979, se révèle nettement plus abordable que les précédents.

Jusqu'à sa séparation en 1981, le groupe publia, en plus des albums mentionnés plus haut, de nombreux singles et effectua des concerts, bien qu'en en limitant volontairement le nombre.

Le , Throbbing Gristle joua son dernier concert, au Kezar Pavilion de San Francisco. Parmi les raisons qui menèrent à l'implosion du groupe on peut signaler les tensions entre P-Orridge et les autres membres du groupe, ces derniers lui reprochant en particulier de se poser en leader, s'appropriant et occultant leur travail ; la séparation de Genesis et Tutti et la nouvelle relation entre celle-ci et Chris Carter contribuèrent également à dégrader le climat au sein de la formation[4].

Après la séparation du groupe, ses différents membres s'en allèrent créer leurs propres formations. P-Orridge et Christopherson fondèrent Psychic TV, accompagnés d'Alex Fergusson, ancien guitariste d'Alternative TV, tandis que Tutti et Carter poursuivirent leur travail en commun sous divers noms (Chris & Cosey, Creative Technology Institute...). Plus tard, Christopherson quitta Psychic TV et forma le groupe Coil avec John Balance, lui aussi un ancien membre de Psychic TV. P-Orridge, sous le nouveau nom de Genesis Breyer P-Orridge, a également monté plusieurs projets assisté de sa seconde épouse Jacqueline "Jaye" Breyer : PTV3 et Thee Majesty.

Deuxième période: 2004 - 2010[modifier | modifier le code]

Throbbing Gristle en concert en 2008

En 2004, à la suite de l'invitation du label Mute à une célébration du 30e anniversaire de la fondation du groupe, Throbbing Gristle se réunit brièvement pour l'enregistrement et la sortie de l'album en édition limitée TG Now, le premier depuis 25 ans. En 2007, TG fait paraître un autre album, Part Two, dont le groupe avait terminé l'enregistrement à Berlin ainsi qu'une série de concerts prévus dans l'année[5].

Un coffret de 7 DVD intitulé TGV présente des vidéos de concerts tirées des deux périodes du groupe, avec un packaging spécial incluant un livret de 64 pages tous deux réalisés par Christopherson[6].

Throbbing Gristle travaille ensuite à l'enregistrement d'un nouvel album basé sur une réinterprétation de l'album de Nico Desertshore. Les sessions d'enregistrement sont parues dans un coffret de 12 CD-R en 2008. L'album instrumental et plus expérimental The Third Mind Movement en 2009 marque la fin de l'aventure discographique du groupe. La mort de Peter Christopherson, survenue le , et le départ de Genesis P-Orridge la même année confirment la fin des activités créatives de Throbbing Gristle.

Throbbing Gristle en concert[modifier | modifier le code]

Throbbing Gristle est un groupe remarquable pour ses prestations scéniques. Les versions live d'un morceau diffèrent souvent considérablement de sa version studio, en raison de la grande importance accordée à l'improvisation dans le jeu des musiciens. Certains morceaux, comme le désormais célèbre Discipline, n'ont d'ailleurs jamais été enregistrés en studio. En complément des albums déjà mentionnés, le groupe a publié un grand nombre d'enregistrements réalisés en public.

Style et influences[modifier | modifier le code]

En concert en 2008

Le groupe se réclamait du free jazz à ses débuts. Cela peut être vu comme l'affirmation d'une volonté de s'affranchir de toutes les barrières et de toute règle de composition, ce en quoi avait consisté la véritable révolution musicale de la new thing (un autre nom pour le free jazz à ses débuts). Throbbing Gristle a exploré les sonorités, les textures sonores dans un contexte punk et électronique.

Les influences revendiquées par les différents membres de TG sont nombreuses et extrêmement variées. Parmi celles-ci on peut citer les groupes Fifty Foot Hose, le Velvet Underground, Can et Abba, des compositeurs de contemporains, John Cage, du Once Group, de Karlheinz Stockhausen, les musiques lounge et exotica de Martin Denny et de Les Baxter, la poésie sonore (particulièrement celles de Ernst Jandl et Brion Gysin), les écrits de William S. Burroughs et Aleister Crowley, l'art action du mouvement Fluxus et de l'Actionnisme viennois, l'occultisme du peintre Austin Osman Spare et les collages de Max Ernst. Throbbing Gristle firent notamment reparaître les expérimentations de Burroughs sur leur label Industrial Records.

Discographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Reed, Alexander, S., Assimilate, A Critical History of Industrial Music, Oxford University Press, 2013
  • Ford, Simon, Wreckers of Civilisation: The Story of COUM Transmissions and Throbbing Gristle, Black Dog Publishing - 2001 - 336 pages (n&b, en anglais)
  • Duboys, Éric, Industrial Music for Industrial People, Camion Blanc - 2007 - 557 pages (n&b, en français) - (ISBN 978-2-910196-49-3)
  • Daniels, Drew, 20 Jazz funk Greats, Continuum (collection 33 1/3) - 2008 - 176 pages (n&b, en anglais)
  • Naylor, Colin & Genesis P-Orridge (éditeurs). Contemporary Artists. Macmillan Press/St Martin's Press, 1977
  • RE/Search No. 6/7: Industrial Culture Handbook, RE/Search Publications 1983, (ISBN 0-940642-07-7)

Liens externes[modifier | modifier le code]